Amitié – Freundschaft (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Amitié aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 wieder.


C’est un contrat tacite entre deux personnes sensibles et vertueuses. Je dis sensibles, car un moine, un solitaire peut n’être point méchant et vivre sans connaître l’amitié. Je dis vertueuses, car les méchants n’ont que des complices; les voluptueux ont des compagnons de débauche; les intéressés ont des associés; les politiques assemblent des factieux; le commun des hommes oisifs a des liaisons; les princes ont des courtisans; les hommes vertueux ont seuls des amis. Céthégus était le complice de Catilina, et Mécène le courtisan d’Octave; mais Cicéron était l’ami d’Atticus.

Que porte ce contrat entre deux âmes tendres et honnêtes? les obligations en sont plus fortes et plus faibles, selon les degrés de sensibilité et le nombre des services rendus, etc.

L’enthousiasme de l’amitié a été plus fort chez les Grecs et chez les Arabes que chez nous. Les contes que ces peuples ont imaginés sur l’amitié sont admirables; nous n’en avons point de pareils. Nous sommes un peu secs en tout. Je ne vois nul grand trait d’amitié dans nos romans, dans nos histoires, sur notre théâtre. Il n’est parlé d’amitié chez les Juifs qu’entre Jonathas et David. Il est dit que David l’aimait d’un amour plus fort que celui des femmes: mais aussi il est dit que David, après la mort de son ami, dépouilla Miphibozeth son fils, et le fit mourir. L’amitié était un point de religion et de législation chez les Grecs. Les Thébains avaient le régiment des amants: beau régiment! quelques-uns l’ont pris pour un régiment de non-conformistes, ils se trompent c’est prendre un accessoire honteux pour le principal honnête. L’amitié chez les Grecs était prescrite par la loi et la religion. La pédérastie était malheureusement tolérée par les moeurs: il ne faut pas imputer à la loi des abus indignes. .