Baptême – Taufe (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Baptême (Taufe) aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.


Baptême, mot grec qui signifie immersion. Les hommes, qui se conduisent toujours par les sens, imaginèrent aisément que ce qui lavait le corps lavait aussi l’âme. Il y avait de grandes cuves dans les souterrains des temples d’Égypte pour les prêtres et pour les initiés. Les Indiens, de temps immémorial, se plongeaient et se plongent encore dans le Gange et cette cérémonie est encore fort en vogue. Elle passa chez les Hébreux, on y baptisait tous les étrangers qui embrassaient la loi judaique et qui ne voulaient pas se soumettre á la circoncision, les femmes surtout à qui on ne faisait pas cette opération, et qui ne la subissaient qu’en Etiopie, étaient baptisées, c’était une regénération; cela donnait une nouvelle âme, ainsi qu’en Egypte. Voyez pour cela Epiphanie, Maimonides, et le Gemmare.
Jean baptisa dans le Jourdain, et même il baptisa Jesus, qui pourtant ne baptisa jamais personne, mais qui daigna conserver cette ancienne cérémonie. Tout signe est indifférent par lui-même et Dieu attache sa grâce au signe qu’il lui plait de choisir. Le Baptême fut bientôt le premier rite et le sceau de la religion Chrétienne. Cependant les quinze premiers évêques de Jérusalem furent tous circoncis, il n’est pas sûr qu’ils fussent baptises.
On abusa de ce sacrament dans les premiers siècles du christianisme, rien n’était plus commun que d’attendre l’agonie pour recevoir le Baptême. L’exemple de l’empereur Constantin en est une assez bonne preuve. Voici comme il raisonnait. Le Baptême purifie tout; je peux donc tuer ma femme, mon fils et tous mes parents, après quoi je me ferai baptiser, et j’irai au ciel, comme de fait il n’y manqua pas. Cet exemple était dangereux; peu á peu, la coutume s’abolit d’attendre la mort pour se mettre dans le bain sacré.
Les Grecs conservèrent toujours le baptême par immersion. Les Latins, vers la fin du viiie siècle, ayant étendu leur religion dans les Gaules et la Germanie, et voyant que l’immersion pouvait faire périr les enfants dans des pays froids, substituèrent la simple aspersion; ce qui les fit souvent anathématiser par l’Église grecque.
On demanda à saint Cyprien, évêque de Carthage, si ceux-là étaient réellement baptisés, qui s’étaient fait seulement arroser tout le corps. Il répond dans sa soixante et seizième lettre que « plusieurs Églises ne croyaient pas que ces arrosés fussent chrétiens; que pour lui il pense qu’ils sont chrétiens, mais qu’ils ont une grâce infiniment moindre que ceux qui ont été plongés trois fois selon l’usage. » On était initié chez les chrétiens dès qu’on avait été plongé; avant ce temps on n’était que catéchumène. Il fallait pour être initié avoir des répondants, des cautions qu’on appelait d’un nom qui répond à parrains, afin que l’Église s’assurât de la fidélité des nouveaux chrétiens, et que les mystères ne fussent point divulgués. C’est pourquoi, dans les premiers siècles, les gentils furent généralement aussi mal instruits des mystères des chrétiens que ceux-ci l’étaient des mystères d’Isis et de Cérès Éleusine.
Cyrille d’Alexandrie, dans son écrit contre l’empereur Julien, s’exprime ainsi: « Je parlerais de baptême, si je ne craignais que mon discours ne parvînt à ceux qui ne sont pas initiés. » Il n’y avait alors aucun culte qui n’eût ses mystères, ses associations, ses catéchumènes, ses initiés, ses profès. Chaque secte exigeait de nouvelles vertus, et recommandait à ses pénitents une nouvelle vie, initium novae vitae et de là le mot d’initiation. L’initiation des chrétiens et des chrétiennes était d’être plongés tout nus dans une cuve d’eau froide; la rémission de tous les péchés était attachée à ce signe. Mais la différence entre le baptême chrétien et les cérémonies grecques, syriennes, égyptiennes, romaines, était la même qu’entre la vérité et le mensonge. Jésus-Christ était le grand prêtre de la nouvelle loi.
Dès le seconde siècle on commença à baptiser des enfants; il était naturel que les chrétiens désirassent que leurs enfants, qui auraient été damnés sans ce sacrement, en fussent pourvus. On conclut enfin qu’il fallait le leur administrer au bout de huit jours, parce que, chez les Juifs, c’était à cet âge qu’ils étaient circoncis. L’Église grecque est encore dans cet usage.
Ceux qui mouraient dans la première semaine étaient damnés, selon les Pères de l’Église les plus rigoureux. Mais Pierre Chrysologue, au ve siècle, imagina les limbes, espèce d’enfer mitigé, et proprement bord d’enfer, faubourg d’enfer, où vont les petits enfants morts sans baptême, et où les patriarches restaient avant la descente de Jésus-Christ aux enfers. De sorte que l’opinion que Jésus-Christ était descendu aux limbes, et non aux enfers, a prévalu depuis.
Il a été agité si un chrétien dans les déserts d’Arabie pouvait être baptisé avec du sable? on a répondu que non: si on pouvait baptiser avec de l’eau rose? et on a décidé qu’il fallait de l’eau pure; que cependant on pouvait se servir d’eau bourbeuse. On voit aisément que toute cette discipline a dépendu de la prudence des premiers pasteurs qui l’ont établie.