Amour propre – Eigenliebe (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Amour propre (Eigenliebe) aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.


Un gueux des environs de Madrid demandait noblement l’aumône; un passant lui dit: « N’êtes-vous pas honteux de faire ce métier, infâme quand vous pouvez travailler? — Monsieur, répondit le mendiant, je vous demande de l’argent et non pas des conseils; puis il lui tourna le dos en conservant toute la dignité castillane. C’était un fier gueux que ce seigneur, sa vanité était blessée pour peu de chose. Il demandait l’aumône par amour de soi-même, et ne souffrait pas la réprimande par un autre amour de soi-même.

Un missionnaire voyageant dans l’Inde rencontra un fakir chargé de chaînes, nu comme un singe, couché sur le ventre, et se faisant fouetter pour les péchés de ses compatriotes les Indiens, qui lui donnaient quelques liards du pays. « Quel renoncement à soi-même! disait un des spectateurs. — Renoncement à moi-même! reprit le fakir; apprenez que je ne me fais fesser dans ce monde que pour vous le rendre dans l’autre, quand vous serez chevaux et moi cavalier. »

Ceux qui ont dit que l’amour de nous-mêmes est la base de tous nos sentiments et de toutes nos actions ont donc eu grande raison dans l’Inde, en Espagne, et dans toute la terre habitable: et comme on n’écrit point pour prouver aux hommes qu’ils ont un visage, il n’est pas besoin de leur prouver qu’ils ont de l’amour-propre. Cet amour-propre est l’instrument de notre conservation; il ressemble à l’instrument de la perpétuité de l’espèce: il est nécessaire, il nous est cher, il nous fait plaisir, et il faut le cacher.

Amour – Liebe (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Amour aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.


Amor omnibus idem. C’est l’étoffe de la nature que l’imagination a brodée. Veux-tu avoir une idée de l’amour? Vois les moineaux de ton jardin; vois tes pigeons; contemple le taureau qu’on amène à ta génisse; regarde ce fier cheval que deux de ses valets conduisent à la cavale paisible qui l’attend, et qui détourne sa queue pour le recevoir; vois comme ses yeux étincellent; entends ses hennissements; contemple ces sauts, ces courbettes, ces oreilles dressées, cette bouche qui s’ouvre avec de petites convulsions, ces narines qui s’enflent, ce souffle enflammé qui en sort, ces crins qui se relèvent et qui flottent, ce mouvement impétueux dont il s’élance sur l’objet que la nature lui a destiné: mais n’en sois point jaloux, et songe aux avantages de l’espèce humaine; ils compensent en amour tous ceux que la nature a donnés aux animaux, force, beauté, légèreté, rapidité.

Il y a même des animaux qui ne connaissent point la jouissance. Les poissons écaillés sont privés de cette douceur: la femelle jette sur la vase des millions d’oeufs; le mâle qui les rencontre passe sur eux, et les féconde par sa semence, sans se mettre en peine à quelle femelle ils appartiennent.

La plupart des animaux qui s’accouplent ne goûtent de plaisir que par un seul sens; et dès que cet appétit est satisfait, tout est éteint. Aucun animal, hors toi, ne connaît les embrassements; tout ton corps est sensible; tes lèvres surtout jouissent d’une volupté que rien ne lasse; et ce plaisir n’appartient qu’à ton espèce enfin tu peux dans tous les temps te livrer à l’amour, et les animaux n’ont qu’un temps marqué. Si tu réfléchis sur ces prééminences, tu diras avec le comte de Rochester: « L’amour, dans un pays d’athées, ferait adorer la Divinité.»

Comme les hommes ont reçu le don de perfectionner tout ce que la nature leur accorde, ils ont perfectionné l’amour. La propreté, le soin de soi-même, en rendant la peau plus délicate, augmentent le plaisir du tact; et l’attention sur sa santé rend les organes de la volupté plus sensibles.

Tous les autres sentiments entrent ensuite dans celui de l’amour, comme des métaux qui s’amalgament avec l’or: l’amitié, l’estime, viennent au secours; les talents du corps et de l’esprit sont encore de nouvelles chaînes.

Nam facis ipsa suis interdum faemina factis.
Morigerisque modis, et mundo corpore culta,
Ut facile insuescat secum vir degere vitam.
(Lucrèce, IV, 1274-76.)
On peut, sans être belle, être longtemps aimable. L’attention, le goût, les soins, la propreté, Un esprit naturel, un air toujours affable, Donnent à la laideur les traits de la beauté.
Voilà ce que tu as au-dessus des animaux; mais si tu goûtes tant de plaisirs qu’ils ignorent, que de chagrins aussi dont les bêtes n’ont point d’idée! Ce qu’il y a d’affreux pour toi, c’est que la nature a empoisonné dans les trois quarts de la terre les plaisirs de l’amour et les sources de la vie par une maladie épouvantable à laquelle l’homme seul est sujet, et qui n’infecte que chez lui les organes de la génération. Il n’en est point de cette peste comme de tant d’autres maladies qui sont la suite de nos excès. Ce n’est point la débauche qui l’a introduite dans le monde. Les Phryné, les Laïs, les Flora, les Messaline, n’en furent point attaquées; elle est née dans des îles où les hommes vivaient dans l’innocence, et de là elle s’est répandue dans l’ancien monde.
Si jamais on a pu accuser la nature de mépriser son ouvrage, de contredire son plan, d’agir contre ses vues, c’est dans ce fléau détestable qui a souillé la terre d’horreur et de turpitude. Est-ce là le meilleur des mondes possibles? Eh quoi; si César, Antoine, Octave, n’ont point eu cette maladie, n’était-il pas possible qu’elle ne fît point mourir François Ier? Non, dit-on, les choses étaient ainsi ordonnées pour le mieux: je le veux croire, mais cela est dur.

Amitié – Freundschaft (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Amitié aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 wieder.


C’est un contrat tacite entre deux personnes sensibles et vertueuses. Je dis sensibles, car un moine, un solitaire peut n’être point méchant et vivre sans connaître l’amitié. Je dis vertueuses, car les méchants n’ont que des complices; les voluptueux ont des compagnons de débauche; les intéressés ont des associés; les politiques assemblent des factieux; le commun des hommes oisifs a des liaisons; les princes ont des courtisans; les hommes vertueux ont seuls des amis. Céthégus était le complice de Catilina, et Mécène le courtisan d’Octave; mais Cicéron était l’ami d’Atticus.

Que porte ce contrat entre deux âmes tendres et honnêtes? les obligations en sont plus fortes et plus faibles, selon les degrés de sensibilité et le nombre des services rendus, etc.

L’enthousiasme de l’amitié a été plus fort chez les Grecs et chez les Arabes que chez nous. Les contes que ces peuples ont imaginés sur l’amitié sont admirables; nous n’en avons point de pareils. Nous sommes un peu secs en tout. Je ne vois nul grand trait d’amitié dans nos romans, dans nos histoires, sur notre théâtre. Il n’est parlé d’amitié chez les Juifs qu’entre Jonathas et David. Il est dit que David l’aimait d’un amour plus fort que celui des femmes: mais aussi il est dit que David, après la mort de son ami, dépouilla Miphibozeth son fils, et le fit mourir. L’amitié était un point de religion et de législation chez les Grecs. Les Thébains avaient le régiment des amants: beau régiment! quelques-uns l’ont pris pour un régiment de non-conformistes, ils se trompent c’est prendre un accessoire honteux pour le principal honnête. L’amitié chez les Grecs était prescrite par la loi et la religion. La pédérastie était malheureusement tolérée par les moeurs: il ne faut pas imputer à la loi des abus indignes. .

Abraham – (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Abraham aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.


Abraham est un de ces noms célèbres dans l’Asie Mineure et dans l’Arabie, comme Thaut chez les Égyptiens, le premier Zoroastre dans la Perse, Hercule en Grèce, Orphée dans la Thrace, Odin chez les nations septentrionales, et tant d’autres plus connus par leur célébrité que par une histoire bien avérée. Je ne parle ici que de l’histoire profane; car pour celle des Juifs, nos maîtres et nos ennemis que nous croyons et que nous détestons, comme l’histoire de ce peuple a été visiblement écrite par le Saint-Esprit, nous avons pour elle les sentiments que nous devons avoir. Nous ne nous adressons ici qu’aux Arabes; ils se vantent de descendre d’Abraham par Ismaël; ils croient que ce patriarche bâtit la Mecque, et qu’il mourut dans cette ville. Le fait est que la race d’Ismaël a été infiniment plus favorisée de Dieu que la race de Jacob. L’une et l’autre race a produit à la vérité des voleurs; mais les voleurs arabes ont été prodigieusement supérieurs aux voleurs juifs. Les descendants de Jacob ne conquirent qu’un très petit pays, qu’ils ont perdu; et les descendants d’Ismaël ont conquis une partie de l’Asie, de l’Europe, et de l’Afrique, ont établi un empire plus vaste que celui des Romains, et ont chassé les Juifs de leurs cavernes, qu’ils appelaient la terre de promission.

A ne juger des choses que par les exemples de nos histoires modernes, il serait assez difficile qu’Abraham eût été le père de deux nations si différentes; on nous dit qu’il était né en Chaldée, et qu’il était fils d’un pauvre potier, qui gagnait sa vie à faire de petites idoles de terre. Il n’est guère vraisemblable que le fils de ce potier soit allé fonder la Mecque à quatre cents lieues de là sous le tropique, en passant par des déserts impraticables. S’il fut un conquérant, il s’adressa sans doute au beau pays de l’Assyrie; et s’il ne fut qu’un pauvre homme, comme on nous le dépeint, il n’a pas fondé des royaumes hors de chez lui.

La Genèse rapporte qu’il avait soixante et quinze ans lorsqu’il sortit du pays de Haran après la mort de son père Tharé le potier: mais la même Genèse dit aussi que Tharé ayant engendré Abraham à soixante et dix ans, ce Tharé vécut jusqu’à deux cent cinq ans, et ensuite qu’Abraham partit de Haran; ce qui semble dire que ce fut après la mort de son père. Ou l’auteur sait bien mal disposer une narration, ou il est clair par la Genèse même qu’Abraham était âgé de cent trente-cinq ans quand il quitta la Mésopotamie. Il alla d’un pays qu’on nomme idolâtre dans un autre pays idolâtre nommé Sichem en Palestine. Pourquoi y alla-t-il? pourquoi quitta-t-il les bords fertiles de l’Euphrate pour une contrée aussi éloignée, aussi stérile, aussi pierreuse que celle de Sichem? La langue chaldéenne devait être fort différente de celle de Sichem, ce n’était point un lieu de commerce; Sichem est éloigné de la Chaldée de plus de cent lieues; il faut passer des déserts pour y arriver; mais Dieu voulait qu’il fit ce voyage, il voulait lui montrer la terre que devaient occuper ses descendants plusieurs siècles après lui. L’esprit humain comprend avec peine les raisons d’un tel voyage.

A peine est-il arrivé dans le petit pays montagneux de Sichem que la famine l’en fait sortir. Il va en Égypte avec sa femme chercher de quoi vivre. Il y a deux cents lieues de Sichem à Memphis; est-il naturel qu’on aille demander du blé si loin et dans un pays dont on n’entend point la langue? Voilà d’étranges voyages entrepris à l’âge de près de cent quarante années.

Il amène à Memphis sa femme Sara, qui était extrêmement jeune, et presque enfant en comparaison de lui, car elle n’avait que soixante-cinq ans. Comme elle était très belle, il résolut de tirer parti de sa beauté: « Feignez que vous êtes ma soeur, lui dit-il, afin qu’on me fasse du bien à cause de vous. » Il devait bien plutôt lui dire: « Feignez que vous êtes ma fille. » Le roi devint amoureux de la jeune Sara, et donna au prétendu frère beaucoup de brebis, de boeufs, d’ânes, d’ânesses, de chameaux, de serviteurs, de servantes: ce qui prouve que l’Égypte dès lors était un royaume très puissant et très policé, par conséquent très ancien, et qu’on récompensait magnifiquement les frères qui venaient offrir leurs soeurs aux rois de Memphis.

La jeune Sara avait quatre-vingt-dix ans quand Dieu lui promit qu’Abraham, qui en avait alors cent soixante, lui ferait un enfant dans l’année. Abraham, qui aimait à voyager, alla dans le désert horrible de Cadès avec sa femme grosse, toujours jeune et toujours jolie. Un roi de ce désert ne manqua pas d’être amoureux de Sara comme le roi d’Égypte l’avait été. Le père des croyants fit le même mensonge qu’en Égypte: il donna sa femme pour sa soeur, et eut encore de cette affaire des brebis, des boeufs, des serviteurs, et des servantes. On peut dire que cet Abraham devint fort riche du chef de sa femme. Les commentateurs ont fait un nombre prodigieux de volumes pour justifier la conduite d’Abraham, et pour concilier la chronologie. Il faut donc renvoyer le lecteur à ces commentaires. Il sont tous composés par des esprits fins et délicats, excellents métaphysiciens, gens sans préjugés, et point du tout pédants.

Toleranz (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Tolérance aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 wieder.


Qu’est-ce que la tolérance? c’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature.
Qu’à la bourse d’Amsterdam, de Londres, ou de Surate, ou de Bassora, le guèbre, le banian, le juif, le mahométan, le déicole chinois, le bramin, le chrétien grec, le chrétien romain, le chrétien protestant, le chrétien quaker, trafiquent ensemble, ils ne lèveront pas le poignard les uns sur les autres pour gagner des âmes à leur religion. Pourquoi donc nous sommes-nous égorgés presque sans interruption depuis le premier concile de Nicée?
Constantin commença par donner un édit qui permettait toutes les religions; il finit par persécuter. Avant lui on ne s’éleva contre les chrétiens que parce qu’ils commençaient à faire un parti dans l’État(27). Les Romains permettaient tous les cultes, jusqu’à celui des Juifs, jusqu’à celui des Égyptiens, pour lesquels ils avaient tant de mépris. Pourquoi Rome tolérait-elle ces cultes? C’est que ni les Égyptiens, ni même les Juifs ne cherchaient à exterminer l’ancienne religion de l’empire, ne couraient point la terre et les mers pour faire des prosélytes; ils ne songeaient qu’à gagner de l’argent: mais il est incontestable que les chrétiens voulaient que leur religion fût la dominante. Les Juifs ne voulaient pas que la statue de Jupiter fût à Jérusalem; mais les chrétiens ne voulaient pas qu’elle fût au Capitole. Saint Thomas a la bonne foi d’avouer que si les chrétiens ne détrônèrent pas les empereurs, c’est qu’ils ne le pouvaient pas. Leur opinion était que toute la terre doit être chrétienne. Ils étaient donc nécessairement ennemis de toute la terre, jusqu’à ce qu’elle fût convertie.
Ils étaient entre eux ennemis les uns des autres sur tous les points de leur controverse. Faut-il d’abord regarder Jésus-Christ comme Dieu, ceux qui le nient sont anathématisés sous le nom d’ébionites, qui anathématisent les adorateurs de Jésus.
Quelques-uns d’entre eux veulent-ils que tous les biens soient communs, comme on prétend qu’ils l’étaient du temps des apôtres, leurs adversaires les appellent nicolaïtes, et les accusent des crimes les plus infâmes. D’autres prétendent-ils à une dévotion mystique, on les appelle gnostiques, et on s’élève contre eux avec fureur. Marcion dispute-t-il sur la Trinité, on le traite d’idolâtre.
Tertullien, Praxéas, Origène, Novat, Novatien, Sabellius Donat, sont tous persécutés par leurs frères avant Constantin; et à peine Constantin a-t-il fait régner la religion chrétienne, que les athanasiens et les eusébiens se déchirent et depuis ce temps l’Église chrétienne est inondée de sang jusqu’à nos jours.
Le peuple juif était, je l’avoue, un peuple bien barbare. Il égorgeait sans pitié tous les habitants d’un malheureux petit pays sur loquet il n’avait pas plus de droit qu’il n’en a sur Paris et sur Londres. Cependant quand Naaman est guéri de sa lèpre pour s’être plongé sept fois dans le Jourdain; quand, pour témoigner sa gratitude à Élisée, qui lui a enseigné ce secret, il lui dit qu’il adorera le dieu des Juifs par reconnaissance, il se réserve la liberté d’adorer aussi le dieu de son roi; il en demande permission à Élisée, et le prophète n’hésite pas à la lui donner. Les Juifs adoraient leur Dieu; mais ils n’étaient jamais étonnés que chaque peuple eût le sien Ils trouvaient bon que Chamos eût donné un certain district aux Moabites, pourvu que leur dieu leur en donnât aussi un. Jacob n’hésita pas à épouser les filles d’un idolâtre. Laban avait son dieu, comme Jacob avait le sien. Voilà des exemples de tolérance chez le peuple le plus intolérant et le plus cruel de toute l’antiquité: nous l’avons imité dans ses fureurs absurdes, et non dans son indulgence.
Il est clair que tout particulier qui persécute un homme, son frère, parce qu’il n’est pas de son opinion, est un monstre; cela ne souffre pas de difficulté: mais le gouvernement, mais les magistrats, mais les princes, comment en useront-ils envers ceux qui ont un autre culte que le leur? Si ce sont des étrangers puissants, il est certain qu’un prince fera alliance avec eux. François Ier très chrétien s’unira avec les musulmans contre Charles-Quint très catholique. François Ier donnera de l’argent aux luthériens d’Allemagne pour les soutenir dans leur révolte contre l’empereur; mais il commencera, selon l’usage, par faire brûler les luthériens chez lui. Il les paye en Saxe par politique; il les brûle par politique à Paris. Mais qu’arrivera-t-il? Les persécutions font des prosélytes; bientôt la France sera pleine de nouveaux protestants: d’abord ils se laisseront pendre, et puis ils pendront à leur tour. Il y aura des guerres civiles, puis viendra la Saint-Barthélemy; et ce coin du monde sera pire que tout ce que les anciens et les modernes ont jamais dit de l’enfer.
Insensés, qui n’avez jamais pu rendre un culte pur au Dieu qui vous a faits! malheureux, que l’exemple des noachides, des lettrés chinois, des parsis et de tous les sages, n’a jamais pu conduire! monstres, qui avez besoin de superstitions comme le gésier des corbeaux a besoin de charognes! on vous l’a déjà dit, et on n’a autre chose à vous dire; si vous avez deux religions chez vous, elles se couperont la gorge; si vous en avez trente, elles vivront en paix. Voyez le Grand-Turc, il gouverne des guèbres, des banians, des chrétiens grecs, des nestoriens, des romains. Le premier qui veut exciter du tumulte est empalé; et tout le monde est tranquille.

Philosophisches Taschenwörterbuch:
Tolerance – Toleranz (Inhaltsangabe)

Toleranz und Humanität gehören zusammen. Die einzelnen Religionen müssen hinnehmen, dass es außer ihnen auch andere gibt. Das war in Rom bis Konstantin so, erst mit ihm und dem Christentum begannen die Verfolgungen: Die ganze Welt sollte christlich sein. Also waren sie notwendigerweise Feinde der ganzen Welt, bis zu deren Bekehrung. Auch untereinander bekämpften sich die verschiedenen christlichen Varianten: „Kaum hatte Konstantin der christlichen Religion zur Macht verholfen, zerrissen sich Athanasier und Eusebier auch schon gegenseitig und seither versinkt die Kirche in Blut, bis auf unsere Zeit. Selbst die Juden („das intoleranteste und grausamste Volk des ganzen Altertums“) waren nachgiebiger, wie einige Beispiele aus der Bibel zeigen. „Wir haben es in seinen unsinnigen Gräueln nachgeahmt, jedoch nicht in seinem Großmut“. Religionshass findet man meist im Volk, wird dort geschürt; die Herrschenden nutzen ihn für ihre Zwecke aus, selbst verbünden sie sich, wenn es ihnen Vorteile bringt, mitunter mit feindlichen Religionen.

Voltaire schließt den Artikel mit diesem Rat: „Habt ihr bei euch zwei Religionen, werden sie sich die Kehle durchschneiden, habt ihr dreißig, leben sie miteinander in Frieden. Seht den Großtürken: Er regiert die Parsen, die Banianen, die griechischen Christen, die Nestorianer, die Römer. Der erste, der Unruhe stiftet, wird gepfählt und alle Welt ist friedlich“.

Philosophisches Taschenwörterbuch:
Préjugés – Vorurteile (Inhaltsangabe)

Das Vorurteil ist eine Meinung ohne Urteil. Damit sind nicht Gefühle gemeint. Oft haben wir Autoritäten gegenüber Vorurteile. Man achtet sie, bevor man weiß, ob sie die Achtung verdienen. Voltaire unterscheidet Vorurteile der Sinne, das sind Sinnestäuschungen, die eigentlich keine Vorurteile sind; Physikalische Vorurteile, so meinte man lange, die Sonne drehe sich um die Erde, oder übernahm viele Meinungen über Krankheiten und ihre Ursachen, von Quacksalbern verbreitet; historische Vorurteile: vieles aus der Geschichte wurden ohne Überprüfung geglaubt und der Glaube daran ist ein Vorurteil und schließlich Religiöse Vorurteile: „Wenn Ihnen Ihre Amme erzählt hat,… dass Mohammed oder ein anderer eine Reise zum Himmel gemacht hat, wenn Ihnen dann Ihr Hauslehrer noch einmal ins Gehirn gehämmert hat, was Ihre Amme dort hinterlassen hatte, dann werden Sie Ihr ganzes Leben lang etwas davon nachbehalten. Wer daran zweifelt, wird wegen Gotteslästerung angeklagt und der Kadi wird ihn umbringen lassen, wenn er kann, und zwar, „weil er Dummköpfen befehlen will, und glaubt, dass Dummköpfe besser gehorchen als die anderen. Und das wird so lange dauern, bis Ihre Nachbarn, der Derwisch und der Kadi anfangen zu begreifen, dass die Dummheit zu nichts gut ist und die Verfolgung (Andersdenkender) verabscheuungswürdig“.

Philosophisches Taschenwörterbuch:
Miracles – Wunder (Inhaltsangabe)

Der Artikel beginnt mit einer Begriffsklärung: „Folgt man den überlieferten Ansichten, nennen wir Wunder die Verletzung der göttlichen und ewigen Gesetze“. Wie kann es aber sein, dass ein ewiges Gesetz außer Kraft gesetzt wird? Wenn Gott das zulässt, warum hat er dann die Gesetze überhaupt erst geschaffen? Wenn alle Gesetze von ihm gut eingerichtet sind, warum sollte Gott ein Wunder geschehen lassen? Wäre das nicht das Eingeständnis, etwas Unvollkommenes, Fehlerhaftes geschaffen zu haben? Voltaire folgert abschließend: „Es ist also folgendermaßen: indem man es wagt, Gott Wunder zu unterstellen, beleidigt man ihn in Wirklichkeit (wenn Menschen Gott beleidigen können): es ist, als sagte man ihm: ‚Sie sind ein schwaches und inkonsequentes Wesen’“.

Philosophisches Taschenwörterbuch:
Fanatisme – Fanatismus (Inhaltsangabe)

 

Fanatismus entsteht aus der Religion. Viele bekannte Attentäter und Pogromisten begingen ihre Taten aus religiösem Hass. Jedoch gibt es nicht nur den Fanatismus der Tat, es gibt auch den Fanatismus des Juristen, „die jene zum Tode verurteilen, die kein anderes Verbrechen begangen haben, als nicht so zu denken wie sie.“ Sie gehören aus der menschlichen Gesellschaft ausgeschlossen. Nur Aufklärung hilft gegen den Fanatismus, Gesetze helfen nichts. Die Religion, weit davon entfernt, ein Heilmittel zu sein, wandelt sich in einem infizierten Gehirn zu Gift. „Diese Leute sind davon überzeugt, dass der heilige Geist, der sie heimsucht, über den Gesetzen steht, dass ihr Enthusiasmus das einzige Gesetz ist, dem sie zu folgen hätten. Was soll man einem Menschen antworten, der einem sagt, dass er lieber Gott gehorche als Menschen und der sich folglich sicher ist, sich den Himmel zu verdienen, wenn er einen erwürgt“.

Philosophisches Taschenwörterbuch: Beau, Beauté – Schön, Schönheit (Inhaltsangabe)

Was ist Schönheit?

Was ‚schön’ ist, kann nicht allgemeingültig definiert werden. Auch die Annahme einer Idee des absolut Schönen, die hinter unserem Schönheitsempfinden steht und es leitet (Platon, Aristoteles), hilft da nicht weiter.
Eine Tragödie, die wir als Franzosen schön finden, da sie „Bewunderung und Vergnügen hervorruft“, bringt die Zuschauer in England zum Gähnen.
Es ist wie mit den ‚guten Sitten’: was in Japan als anständig gilt , erscheint in Rom als unanständig.