Brief des Priors von Sellières

(an den Bischof von Troyes)

(aus der Correspondance littéraire von Grimm)

Du 3 juin 1778.

« Monseigneur,« Je reçois dans l’instant, à trois heures après midi, avec la plus grande surprise, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, en date du jour d’hier 2 juin. Il y a maintenant plus de vingt-quatre heures que l’inhumation du corps de M. de Voltaire est faite dans notre église, en présence d’un peuple très nombreux. Permettez-moi, monseigneur, de vous faire le récit de cet événement, avant que j’ose vous présenter mes réflexions.« Dimanche au soir, 31 mai, M. l’abbé Mignot, conseiller au grand conseil, notre abbé commendataire, qui tient à loyer un appartement dans l’intérieur de notre monastère, parce que son abbatial n’est pas habitable, arriva en poste pour occuper cet appartement, et me dit, après les premiers compliments, qu’il avait eu le malheur de perdre M. de Voltaire, son oncle; que ce monsieur avait désiré, dans ses derniers moments, d’être porté, après sa mort, à sa terre de Ferney; mais que le corps, qui n’avait pas été enseveli, quoique embaumé, ne serait pas en état de faire un voyage aussi long; qu’il désirait, ainsi que sa famille, que nous voulussions bien recevoir le corps en dépôt dans le caveau de notre église; que ce corps était en marche, accompagné de trois parents qui arriveraient bientôt. Aussitôt M. l’abbé Mignot m’exhiba un consentement de M. le curé de Saint-Sulpice, signé de ce pasteur, pour que le corps de M. de Voltaire pût être transporté sans cérémonie; il m’exhiba en outre une copie collationnée par ce même curé de Saint-Sulpice, d’une profession de la foi catholique, apostolique et romaine, que M. de Voltaire a faite entre les mains d’un prêtre approuvé, en présence de deux témoins, dont l’un est M. Mignot, notre abbé, neveu du pénitent, et l’autre M. le marquis de Villevieille. Il me montra en outre une lettre du ministre de Paris, M. Amelot, adressée à lui et à M. de Dompierre d’Hornoy, neveu de M. l’abbé Mignot, et petit-neveu du défunt, par laquelle ces messieurs étaient autorisés à transporter leur oncle à Ferney ou ailleurs. D’après ces pièces, qui m’ont paru et qui me paraissent encore authentiques, j’aurais cru manquer au devoir de pasteur si j’avais refusé les secours spirituels à tout chrétien, et surtout à l’oncle d’un magistrat qui est depuis vingt-trois ans abbé de cette abbaye, et que nous avons beaucoup de raisons de considérer. Il ne m’est pas venu dans la pensée que M. le curé de Saint-Sulpice ait pu refuser la sépulture à un homme dont il avait légalisé la profession de foi, faite tout au plus six semaines avant son décès, et dont il avait permis le transport tout récemment, au moment de sa mort. D’ailleurs je ne savais pas qu’il pût refuser la sépulture à un homme quelconque mort dans le corps de l’Église, et j’avoue que, selon mes faibles lumières, je ne crois pas encore que cela soit possible.« J’ai préparé en hâte tout ce qui était nécessaire. Le lendemain matin sont arrivés dans la cour de l’abbaye deux carrosses, dont l’un contenait le corps du défunt, et l’autre était occupé par M. d’Hornoy, conseiller au parlement de Paris, petit-neveu; par M. Marchant de Varennes, maître-d’hôtel du roi, et par M. de La Houlière, brigadier des armées, tous deux cousins du défunt. Après midi, M. l’abbé Mignot a fait à l’église la présentation solennelle du corps de son oncle, qu’on avait enseveli. Nous avons chanté les vêpres des morts; le corps a été gardé toute la nuit dans l’église, environné de flambeaux. Le matin, depuis cinq heures, tous les ecclésiastiques des environs, dont plusieurs sont amis de M. l’abbé Mignot, ayant été autrefois avec lui séminaristes à Troyes, ont dit la messe en présence du corps, et j’ai célébré une messe solennelle, à onze heures, avant l’inhumation, qui fut faite devant une nombreuse assemblée. La famille de M. de Voltaire est repartie ce matin, contente des honneurs rendus à sa mémoire, et des prières que nous avons faites à Dieu pour le repos de son âme.« Voilà les faits, monseigneur, dans la plus exacte vérité. Permettez-moi, quoique nos maisons ne soient point soumises à la juridiction de l’ordinaire, de justifier ma conduite aux yeux de Votre Grandeur. Quels que soient les privilèges d’un ordre, ses membres doivent toujours faire gloire de respecter l’épiscopat, et se font honneur de soumettre leurs démarches ainsi que leurs moeurs à l’examen de nosseigneurs les évêques. Comment pouvais-je supposer qu’on refusait ou qu’on pouvait refuser à M. de Voltaire la sépulture qui m’était demandée par son neveu, notre abbé commendataire depuis vingt-trois ans, magistrat depuis trente ans; ecclésiastique qui a beaucoup vécu dans cette abbaye et qui jouit de beaucoup de considération dans notre ordre; par un conseiller au parlement de Paris, autre neveu du défunt; par des officiers d’un grade supérieur, tous parents et tous gens respectables? Sous quel prétexte aurais-je pu croire que M. le curé de Saint-Sulpice refusait la sépulture à M. de Voltaire, tandis que ce pasteur a légalisé de sa propre main une profession de foi faite par le défunt il n’y a que deux mois, tandis qu’il a écrit et signé de sa propre main un consentement que ce corps fût transporté sans cérémonie? Je ne sais ce qu’on impute à M. de Voltaire; je connais plus ses ouvrages par la réputation qu’autrement; je ne les ai pas tous lus. J’ai ouï dire à M. son neveu, notre abbé, qu’on lui en imputait plusieurs très répréhensibles qu’il avait toujours désavoués; mais je sais, d’après les canons, qu’on ne refuse la sépulture qu’aux excommuniés, lata sententia, et je crois être sûr que M. de Voltaire n’est pas dans le cas. Je crois avoir fait mon devoir en l’inhumant sur la réquisition d’une famille respectable, et je ne puis m’en repentir. J’espère, monseigneur, que cette action n’aura point pour moi de suites fâcheuses. La plus fâcheuse, sans doute, serait de perdre votre estime; mais après l’explication que j’ai l’honneur de faire à Votre Grandeur, elle est trop juste pour me la refuser.« Je suis, avec un profond respect, etc. »

Mit Datum des 3.6.1778 beantwortet der Prior den Brief des Bischofs von Troyes, der ihm die Bestattung Voltaires untersagte. 
Er informiert ihn zunächst darüber, dass der Leichnam schon 24 Stunden zuvor in Anwesenheit einer zahlreichen Menschenzahl bestattet worden sei.
Anschließend gibt er dem Bischof einen detaillierten Bericht über die Ereignisse. Am 31. Mai habe ihm Herr Abbé Mignot, Mitglied des Großen Rates zu Paris und Titularabt von Sellières Dokumente aus Paris vorgelegt: eine Transporterlaubnis und eine Bestätigung, dass Voltaire in Anwesenheit zweier Zeugen (des Abbé Mignot und des Marquis de Villevieille) die vorgeschriebene letzte Beichte abgelegt habe, Dokumente, an deren Echtheit kein Zweifel bestanden habe, so dass er kein Recht gehabt habe, jemandem, der „in der Gemeinschaft der Kirche gestorben“ sei, das Begräbnis zu verweigern. „Und ich gestehe, fährt der Prior fort, dass, meiner geringen Einsicht folgend, ich noch immer glaube, dass dies möglich war“.
Am nächsten Morgen seien dann zwei Kutschen eingefahren, die eine mit dem Körper des Verstorbenen, in der anderen die Herren de la Houlière und Marchant de Varennes, Cousins des Verstorbenen.

Abbé Mignot bereitete daraufhin die Leichenschau Voltaires vor und die Mönche sangen die Totenvesper. Der Köper sei „die ganze Nacht hindurch, von Leuchtern umgeben, in der Kirche verblieben“.

Am Morgen ab 5 Uhr hätten die Kirchenleute der gesamten Umgebung, unter ihnen zahlreiche Freunde des Abbé Mignot, die früher mit ihm im Seminar zu Troyes gewesen seien, die Messe in Anwesenheit des Körpers gesprochen „und ich habe um 11 Uhr, vor der Bestattung, die dann vor einer zahlreichen Versammlung stattfand, eine Totenmesse zelebriert“.
Anschließend rechtfertigt der Prior sein Vorgehen damit, dass ein ordentliches Begräbnis seines Wissens nur Exkommunizierten verweigert werden dürfe, nicht ohne darauf hinzuweisen, dass er und das Kloster nicht der Gerichtsbarkeit des Bischofs unterlägen.


zit nach:
Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, depuis 1753 jusqu’en 1790. Nouvelle édition, revue et mise dans un meilleur ordre, avec des notes et des éclaircissements, et où se trouvent rétablies pour la première fois les phrases supprimées par la censure impériale. Paris, Furne et Lagrange, 1829-1830. 15 vol. in-8., Band 12 aufgenommen in die Voltaire-Seiten von .